Échos d’affect d’effroi, Penser un accident et une incapacité de l’écoute musicale
Thèse de Doctorat, recherche-création musique, sous la dir. d’Anne Sèdes et Joseph Delaplace, Université Paris 8 Vincennes – Saint-Denis, EDESTA/Musidanse, en cours

Largement pensée au sein d’une histoire socioculturelle des techniques, et comprise depuis le XIXème siècle comme une action intentionnelle, l’écoute musicale rend d’abord compte d’une capacité à prêter attention aux objets de la musique pour qualifier leur mouvement dans le temps, l’espace et le spectre. Replacée dans son environnement endophasique, l’écoute est ici envisagée depuis un postulat qui élargit le périmètre du mouvement vocal intérieur à celui du mouvement affectif. La psychanalyse n’explique pas tant l’affect d’effroi depuis l’identification de l’élément traumatique, qu’en insistant sur un facteur d’impréparation qui potentialise son surgissement. En prenant l’affect d’effroi pour objet d’écoute, il s’agit d’offrir un cadre théorique et sensible à partir duquel la problématique du musical peut être abordée. Si l’on considère la musique comme un mouvement sans représentation, ce qui lui vaut toutes les métaphores nocturnes, l’écoute, en tant qu’activité associative, elle, même sans entremise verbale claire, représente continuellement la musique. Si bien que nous pourrions finalement dire que si la musique résiste par elle-même à la représentation, il ne saurait y avoir à proprement parler d’écoute musicale. L’effroi, tel qu’il se répète hors cadre traumatique, notamment dans des contextes esthétiques ou de création, peut être envisagé comme l’écho d’une catastrophe de l’affect et de la voix, c’est-à-dire du ton. Cette catastrophe, qui, dans le cas de l’impossible représentation de l’effroi, porte l’échange voix-affect à une limite conduisant nécessairement à l’interruption, rend compte d’un silence qui n’existerait même pas non plus comme absence de mouvement. À l’interruption vocale (l’interruption de la pensée en général), l’affect débordant (le déferlement du choc ou de l’averse) invalide la possibilité pour l’écoute de n’être sollicitée par rien. La potentialité audible du musical se fonde sur ce qu’on pourrait nommer une détonation. L’enjeu étant d’envisager cet objet d’écoute comme pouvant motiver une pratique, ou a minima une tendance chez l’auditeurice artiste, consistant à feindre une autre place d’écoute en vue de devenir le lieu d’une surprise, d’une interruption, du musical.