Master 1 – L’entente agonistique : Frayeur, ouverture et joutes de l’écoute musicale

L’entente agonistique : Frayeur, ouverture et joutes de l’écoute musicale
Mémoire de Master 1, Théorie et Pratique de la musique, Composition et réalisation musicale, Sous la dir. d’Anne Sèdes et Makis Solomos, Université Paris VIII Vincennes Saint-Denis, UFR Arts, Philosophie, Esthétique, Département Musique, 2017

Résumé
Suivant un aphorisme de Nietzsche, qui place l’oreille comme « organe de la peur », et d’un extrait de Barthes, dans lequel il décrit l’écoute alertée, la première écoute, comme étant tendue entre la menace ou inversement le besoin, nous formons le postulat que l’écoute est le lieu d’un conflit entre la frayeur de la prévention du danger propre à l’homme et à l’animal, et la quête d’une reconnaissance possible essentiellement propre à l’humain. L’entente agonistique que nous visons cherche à faire tenir la tension de ce conflit et questionne les possibilités d’ouverture que ce dernier peut produire. Elle est selon l’étymologie grecque ce qui concerne la lutte et les jeux, et signifie par extension l’inquiétude. Notre problème rebondit à la fois sur les multiples constats de compositeurs et musicologues au sujet d’un probable dommage de l’attention à l’écoute, ainsi que sur l’usage du son comme forme de violence, notamment dans l’industrie militaire, qui abuse de la peur induite par le son. Cette frayeur, liée au « bruit éclatant » à sa racine latine, nous lui donnons une définition élargie comme étant ce qui fait sortir l’auditeur de la quiétude, de la tranquillité domestique. À partir de l’écoute réduite de Pierre Schaeffer, liée à l’étonnement, et de la « tragédie de l’écoute » de Luigi Nono, liée à l’inquiétude de l’Autre, nous posons la question de l’incidence politique que peut produire l’intention d’entendre la musique par le biais d’une frayeur fictive.

Abstract
According to a Nietzsche’s aphorism which places the ear as « the organ of fear », and to Barthes who supposes the first listening as an « alert » which is oriented toward « menace, or conversely, need », we propose this postulate : listening is the place for a conflict between the prevention of dangers’s fright, proper to man and animal, and the quest for recognition, specific to the human being. The agonistic entente we look for tries to hold the tension of this conflict and questions the opening possibilities that this latter can produce. According to its greek etymology, the term relates to the struggle and the games, and by extension the concern, the inquietude. Our problem picks up on the many analysis of composers and musicologists which describe a probable damage of listening, as well as on uses of sound as a weapon in military industry, which abuses of fear induced by sound. Fright is linked to noise in its latin etymology. We define it as what makes us go out of domestic quietude. Starting from the Pierres Schaeffer’s reduced listening, which is linked to astonishment, and Luigi Nono’s « tragedy of listening », which is linked to concern for the Others, we pose the question of the politic incidence which the intention to hear through a fictive fright may produce.

Jérémie Nicolas