Sada

(avec Florian Gaité) Sada, 2019
Installation performée, octophonie + stéréo

Divisé entre une stéréo diffusant un zapping de bégaiements et une octophonie diffusant cinq compositions de sons seuls (danse, frappe, giration, va et vient et léthargie), l’espace sonore est ponctuellement interrompu par des accidents acoustiques ouvrant sur de courtes fenêtres d’échos mélodiques.

Deux interprètes partent d’un point différent au sein d’un espace clos, et marchent durant quatre heures le long des murs dans un sens unique. À chaque fois qu’un interprète passe son propre point, il crie un chiffre de son choix qui déterminera la vitesse de marche de l’autre : 1 (marche ralentie) ; 2 (marche) ; 3 (marche rapide de la fuite) ou 4 (course du dératé). Trois actions réalisées en duo (avant et après la marche) activent cette installation et déclinent trois formes d’une incapacité à dire. De l’impossibilité de s’appuyer sur des documents à l’impotence du discours, de la voix et du corps, Sada questionne autant la légitimité à parler que les fictions et les projections qui orientent les imaginaires.

« C’est un souvenir transmis dans le silence, un héritage qui ne se dit pas et l’épreuve d’un ailleurs familier qui résiste à la saisie intellectuelle. Après un premier séjour à Alger, Jérémie Nicolas & Florian Gaité présentent une première étape de travail qui s’interroge sur les fondements d’un projet fantasmé et les résistances qu’ils rencontrent. Partis avec l’intention de traiter une question décoloniale, ils se heurtent à l’urgence de l’actualité et à la puissance de la révolte qui rend l’intention initiale obsolète. L’expérience de ce décentrement devient alors l’occasion d’un questionnement suspendu, d’une incapacité à dire comme à comprendre, adossée à la conscience critique d’un dépassement. Ne reste alors plus que l’écho d’un pays, la rumeur des protestations et les résonances d’une histoire familiale qui perd peu à peu toute consistance. » f.g.