Pathétique de l’automation

Pathétique de l’automation, 2015
Performance sonore pour une romance négative, stéréo

Les coordinations effectuées par la machine ont permis d’élargir une sonorité dont les stimulations sensorielles ne correspondent plus à nos capacités motrices, ni n’engagent chez celle qui les reçoit d’acte réflexe qui puisse y répondre.

En vertu du principe de l’automate, la société technologique a dissocié de nos gestes la fonction qui les accompagnait, et ne nous permet d’accéder à des impressions sensibles qui nous submergent que par l’appréhension refroidie d’un mouvement pris dans le mètre.

Aux corps impotents, un rapport affectif persiste, autant dans le calme et le sérieux du studio que dans l’effervescence déconcentrée et festive du club. Pousser les boutons et tourner les potentiomètres, couper et renvoyer le son, et y appliquer une contraction particulière qui n’a la plupart du temps aucun impact sur les audibles. Wagner a fait la même chose avec l’excès de représentation des volontés niées de ses mélodies infinies.

Un décapage des traces de mesure d’une table de mixage, son bain, des gestes mal engagés en fin d’after, la performance questionne les symptômes liés à la rupture du lien sensible, celle entre les vitesses et pressions des gestes effectués et leurs potentiels effets. Enfoui sous une trame sonore ouatée, le propos invite à un regard critique sur les éventuelles reconversions d’une absence, dans laquelle subsiste une « pathétique » première, une forme de l’auto-affection, qui prend ses impulsions dans les chaînes de l’automation, et reste disponible pour une romance négative d’impressions sensibles impossibles à éprouver.